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Le public du Service MENA de Couvin se "diversifille"

17/08/2023
Le centre de Couvin se diversifie dans l’accueil des résidents. Depuis le mois de juillet, il ouvre aussi ses portes aux Mineurs étrangers non-accompagnés Fille.

Les MENA arrivent de plus en plus jeunes en Europe et notamment en Belgique. Une augmentation des MENA de moins de 12 ans et surtout des 12 à 14 ans a été constatée depuis 2015. Les garçons restent majoritaires parmi les MENA en Belgique (plus de 80 % des MENA sont actuellement des garçons).

Interview exclusive de Marine Botilde, Directrice adjointe du centre Fedasil de Couvin et en charge de la supervision du Service MENA.

Qu’est-ce qu’un service MENA dans un centre Fedasil ?

C’est un service spécialisé pour accueillir les mineurs étrangers non-accompagnés. A Couvin, il est composé d’une équipe de 5 éducateurs, 2 assistants sociaux, d’une coordinatrice et d’une directrice adjointe qui s’organise pour intégrer les mineurs dans le centre et à l’extérieur du centre. Nous comptabilisons 40 MENA du un centre de 220 résidents.

Quel type d’accompagnement propose Fedasil pour les jeunes ?

Le profil des MENA étant particulier, il est souvent difficile pour eux de s’adapter au cadre scolaire belge. Les raisons de cette inadaptation sont nombreuses : ces mineurs n’ont pas pu bénéficier d’un suivi régulier, leur scolarité est inachevée ou parfois inexistante. Certains d’entre eux ont pu vivre des traumatismes violents.

Il est possible qu’un certain nombre d’entre eux aient été exploités. Les MENA constituent des cibles privilégiées pour les entreprises criminelles, du fait de leur vulnérabilité et leur facilité d’accès. Le très petit nombre de filles MENA s’explique en partie par le fait qu’au cours de leur parcours, elles sont souvent « happées » par ces entreprises notamment des réseaux de prostitution.

L’objectif d’un centre de phase 2 comme le nôtre est l’autonomisation des jeunes, c’est-à-dire habiliter le jeune à pouvoir se débrouiller seul en Belgique. Car après son séjour dans nos centres ils se retrouvent en appartement, donc l’intérêt est qu’ils apprennent à se gérer et à se débrouiller. L’autonomisation passe par : apprendre à se faire à manger, les sensibiliser à l’hygiène selon les normes occidentales, la gestion des frustrations et des émotions par rapport aux traumatismes qu’ils ont vécu, …

Nous travaillons aussi l’intégration, le développement de leur réseau pour qu’ils ne se retrouvent pas livré à eux-mêmes dès qu’ils sont partis. A savoir s’orienter vers des clubs de sport et les services externes d’aide à la jeunesse, se gérer pour aller à l’école. Nous travaillons aussi le lien avec le tuteur et informons les jeunes sur leur procédure d’asile.

Comment se traduit cet accompagnement, comment le mettez-vous en pratique ?

Via des activités avec les éducateurs et avec des partenaires. Nous organisons par exemple une école des devoirs avec des bénévoles, il y aussi des activités avec des maisons de jeunes comme la Mj 404  pour les mettre en lien avec les jeunes de Couvin… Aujourd’hui une partie des MENA sont partis à Ostende pour visiter la ville et découvrir la côte belge avec les éducateurs

Qui sont les mineurs que vous accompagnez ? et comment se passent leur relation ?

Dans notre centre de 220 résidents nous accompagnons 40 jeunes majoritairement d’origine Afghane et 8 jeunes filles d’Afrique Subsaharienne. Nous avons beaucoup travaillé avec le Service MENA et le Service Animation notamment en ce qui concerne la sensibilisation EVRAS (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) car il y a une grande différence entre la culture afghane et occidentale sur la perception de la femme donc nous travaillons sur le choc culturel et sur le volet affectif.

Lors de l’accueil des jeunes filles les garçons étaient un peu timides mais après quelques semaines d’accompagnement nous pouvons prétendre à une réussite, les activités se font en mixité, ils passent du temps ensemble et leur intégration se déroule bien. Avec du recul et grâce au partage d’expérience avec d’autres centres ayant une aile MENA mixte on constate que la mixité permet un apaisement, une meilleure auto-régulation et plus de stabilité.

Est-ce que les éducateurs organisent des activités spéciales pour elle ?

Le Service Animation organise déjà des activités en non-mixité : Les Ladies Times et les actions du « projet genre », ou les jeunes femmes peuvent se greffer. Quant au Service MENA, les activités sont mixtes, les jeunes apprécient beaucoup l’art thérapie grâce à ça ils répondent aussi bien aux besoins des filles que des garçons.

 

 

 

 

 

 

Crédit Photo : Jonas Boussifet