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Zoom sur les cours de français langue étrangère

06/04/2022
Laure Chot est engagée par l’ILLEPS (Institut Libre Luxembourgeois de Promotion Sociale) à Bastogne comme professeure de FLE (Français Langue Étrangère). Elle dispense donc des cours de français aux résidents de Senonchamps et a accepté de répondre à quelques questions pour nous partager son expérience d’enseignante à Fedasil.

Dans quel cadre intervenez-vous ? Les cours sont-ils obligatoires pour les résidents ?

« Non, pas du tout. Ce sont des cours de français niveau débutant. Ils sont censés leur permettre de rentrer dans des cours de niveau A1 par après. Donc, c’est davantage pour les préparer à aller à l’école car il y en a beaucoup qui n’y sont jamais allés. C’est aussi pour les aider à comprendre les mots basiques de la vie de tous les jours.

Les cours se donnent 4 jours par semaine, à raison de 2 heures quart par jour en moyenne. En réalité, on travaille par modules de 120 heures, à étaler sur plus ou moins 3 mois. 

Les résidents viennent sur base volontaire. Mais dès qu’ils s’inscrivent, ils sont censés suivre les cours. Les présences sont donc obligatoires 80% du temps, surtout s’ils veulent obtenir le diplôme. »

 

Donc il y a un diplôme à la clé ?

« Oui, il y a un diplôme qui atteste du niveau et qui reprend le nombre d’heures qu’ils ont suivies. Cela leur permettra de prouver, lors de leur parcours d’intégration (parcours obligatoire à suivre suite à la reconnaissance d’un statut de réfugié ou de protection subsidiaire) qu’ils ont déjà eu un certain nombre d’heures de français. »

 

Qu’est-ce qui vous motive à venir enseigner ici ?

« Beaucoup de choses… Ici, on sent vraiment le côté utile… On peut leur apprendre les choses concrètes de la vie et on sait qu’ils vont les utiliser directement après et qu’ils en ont vraiment besoin. Ça va leur permettre de rencontrer des gens, de démarrer une nouvelle vie et de savoir se débrouiller dans toutes les situations de la vie quotidienne. En plus, sur le plan personnel, je trouve ça très enrichissant de rencontrer des personnes d’un peu partout et qui ont chacune leur expérience propre. »

 

Selon vous, quelle serait la principale difficulté dans le fait d’enseigner à un public de demandeurs d’asile ?

« Ils ne partent pas du tout avec les mêmes connaissances de bases. Ils n’ont pas tous été à l’école. Du coup, ils ne vont pas apprendre de la même manière. Certains travaillent beaucoup à la maison, donc, ils avancent plus vite. D’autres n’ont jamais été à l’école, alors, ils n’ont pas les mêmes réflexes d’apprentissage, en ce compris le fait d’étudier chez eux après la leçon. Dès lors, la matière va se fixer moins rapidement chez eux.

En plus, certains viennent tous les jours et d’autres, plus irrégulièrement. Certains viennent aussi s’inscrire au bout de 2 mois, donc, il faut les réinclure et leur apprendre les bases qu’ils n’ont pas eues. On jongle vraiment avec différents niveaux et avec la manière dont chacun évolue. »

 

A l’inverse, quelle serait la principale facilité dans le fait d’enseigner le français aux résidents?

« C’est leur motivation. Ils voient vraiment l’utilité d’apprendre la langue. Ceux qui viennent ici, ils ne sont pas obligés de venir. Donc, c’est qu’ils ont envie d’apprendre. En plus, tous les jours, ils remarquent eux même qu’ils en ont besoin. Au supermarché, on leur parle et ils ont besoin de comprendre ce qu’on leur dit. Ils aimeraient pouvoir communiquer avec les gens. »