"Quand les demandeurs d'asile viennent d'introduire leur demande à l'Office des Etrangers, ils viennent dans nos locaux pour une brève consultation concernant leur état de santé général. Pour nous, le thème de la tuberculose est vraiment important au point de vue de la santé publique. 

En effet, la tuberculose est une infection bactérienne(Mycobacterium tuberculosis) , qui touche principalement les poumons et plus rarement d'autres organes. Cette maladie s'avère surtout contagieuse quand elle s'attaque aux poumons. La maladie se propage d’une personne à l’autre par voie aérienne. En Belgique, un traitement existe. Certaines régions du monde, quant à elles, se voient beaucoup plus touchées car elles n'ont pas un accès facile au traitement. Il faut savoir qu'il est très long et contraignant. Il faut prendre 4 antibiotiques différents par jour pendant 2 mois. Ensuite, 2 antibiotiques différents par jour, les 4 autres mois. 

Dans mon service, nous essayons de détecter les symptômes dès la première consultation : nous sommes alertés par une perte de poids récente, de la toux et une transpiration intense pendant la nuit. Nous expliquons ensuite aux personnes qu'ils vont devoir subir une radio du thorax. En général, ils sont moins réticents pour la radio que pour les vaccins, mais c'est important de bien leur expliquer à quoi sert cette radiographie. Son but premier est bien la détection de la tuberculose, mais elle permet également de détecter d'autres pathologies comme un cancer ou une pneumonie. 

Dès que les images sont prises, elles sont envoyées à des pneumologues spécialisés travaillant en collaboration avec le  FARES/VRGT (Fonds des Affections Respiratoires asbl) une association sans but lucratif qui se consacre à la lutte contre la tuberculose et à l’information sur d'autres affections respiratoires chroniques. Ils nous renvoient le plus rapidement possible le résultat qui s'exprime en plusieurs catégories: forte suspicion, possible suspicion,... Nous sommes donc parfois amenés à envoyer un demandeur d'asile directement à l'hôpital si c'est une urgence. Si nous recevons le résultat après, nous les mettons bien sur en contact la personne. 

Comme vous le comprenez, nous mettons beaucoup d'énergie dans la détection de cette maladie, et ce n'est pas pour rien. Notre rôle au Centre d'arrivée, en tant que porte d'entrée officielle dans le réseau de migration en Belgique, nous devons protéger tout le monde de cette maladie qui peut nous rendre invalide voir être mortelle sans traitement, et dont la guérison met du temps."