Journée mondiale des réfugiés 2020
Chaque année pour la Journée mondiale des réfugiés (20 juin), nous nous penchons sur les récits de personnes en exil, forcées de quitter leur maison et leur pays en raison de la guerre, de la violence ou de la persécution.
Les personnes en exil, ce sont aussi des mères, des pères, des frères et sœurs, des jardiniers, des artistes, des personnes avec des aspirations et des peurs. Pour la Journée mondiale des réfugiés, nous avons demandé à 28 résidents de partager un morceau de leur histoire avec nous, dans le but de faire connaître les personnes se cachant derrière les chiffres.
« Quelle chance j’ai eu de tomber sur lui ce soir-là ! »
« Chez moi, au Cameroun, nous avons une expression familiale : « la mangue qui tombe du ciel ». Cette phrase a pris tout son sens lorsque je suis arrivé en Belgique, un soir, gare du midi, complètement perdu avec mon sac à dos.
Mon regard croise celui d’un autre africain. Ce monsieur est plus âgé que moi mais je décide d’aller lui parler. Il est tard. Je lui explique que je viens d’arriver. Je suis seul et perdu. Nous discutons, il me rassure. Il va chercher sa voiture et me propose de passer la nuit chez lui.
Lorsque j’arrive dans sa maison, je fais la connaissance de sa famille rwandaise et je suis extrêmement bien accueilli. Je mange à ma faim et je prends une douche. Les deux fillettes, Ange et Anaïs, me bombardent de questions : comment suis-je arrivé ici, pourquoi ai-je quitté mon pays, ai-je pris des risques ? Elles semblent amusées et me prennent pour un véritable aventurier.
Au fil de mon récit, je comprends qu’il y quelques années, mon hôte a lui aussi demandé l’asile. Il insiste pour que je dorme chez lui. Le lendemain, il devait aller travailler très tôt mais m’a accompagné jusqu’au Petit-Château afin que je puisse entamer les démarches relatives à la demande d’asile. Lorsque je suis arrivé sur place, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une prison puis j’ai vite compris qu’il m’avait emmené au bon endroit. Quelle chance j’ai eu de tomber sur lui ce soir-là ! C’est ça : « la mangue qui tombe du ciel » : un coup de chance, un coup de main, une belle rencontre. »
Louis-Bertrand, 34 ans, camerounais.
Réside au centre d’accueil de Pondrôme.