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History of Fedasil

21/05/2024
C. et D. sont d’anciens résidents de notre centre. Séparés pendant un peu plus de deux ans, ils ont finalement réussis à se retrouver.

« Notre histoire est assez particulière. A la base, nous sommes venus en Belgique pour les vacances, pour montrer à nos enfants où nous nous étions fiancés » explique C. « Mais les choses sont devenues compliquées au Rwanda, notre pays d’origine. Mon mari a donc tenté un retour à la maison pendant que je restais ici avec les enfants. Il m’avait fait promettre que si je n’avais plus de nouvelles de lui, je devais entamer une procédure de demande d’asile avec les enfants, ce que nous avons fait. Nous avons intégré le Petit Château le 7 janvier 2020, et nous sommes arrivés le 5 février 2020 dans le centre de Liège ».

R., le fils aîné de C. et D. se rappelle : « nous étions dans un car avec d’autres gens qui allaient vivre au centre avec nous. Il y avait le directeur et deux autres travailleurs. Ils nous ont aidé à décharger nos valises et on nous a montré notre chambre, qu’on allait partager pendant un petit temps avec une autre famille ».

A l’époque, R. était âgé de 8 ans, et E., son petit frère, de 5 ans.

« Quand je suis arrivée au centre, j’étais seule avec mes deux enfants, j’avais peur. Mon mari a disparu pendant deux ans et 5 mois. Il a été retenu pendant tout ce temps. Mais finalement, il a réussi à revenir à nous, fin mai 2022 ».

« J’ai eu une arrivée particulière, mais j’ai directement été bien accueilli » explique D. « La vie dans un centre, ce n’est pas facile. C’est une vie en communauté, avec des règles et des horaires à respecter. La première chose que les enfants m’ont raconté quand je les ai rejoint, c’est qu’à leur arrivée au centre ils avaient l’impression d’être dans un film, comme dans un grand internat, où on doit tenir des plateaux et faire la file pour avoir à manger. Mais je suis content : nous nous sommes bien intégrés au sein du centre, nous nous sommes montrés amicaux avec tout le monde et avons rencontré pas mal de gens d’autres cultures et d’autres éducations, d’autres croyances. »

Depuis 2022, il y a encore eu des changements pour la famille de 4 :

« Nous avons quitté le centre le 27 décembre dernier. Nous vivons dans un appartement à Ougrée, où les enfants ont leur propre chambre, et où nous pouvons cuisiner et manger ce que nous voulons hahaha. Vu que D. nous a rejoint en cours de route, nous avons dû l’ajouter dans notre procédure de demande de protection internationale. Il a été auditionné en octobre 2023, nous attendons toujours une réponse à notre demande, mais en attendant, nous avons pu obtenir une décision subsidiaire car j’ai eu des problèmes de santé. Après presque 4 ans dans le centre, ça faisait bizarre de retrouver un espace de vie « normal ». Durant le temps passé au centre, notre espace privé se contenait dans une chambre pour nous 4. Ça fait du bien, on retrouve des repères et nous pouvons recommencer à zéro ».

« Nous n’avons pas voulu couper les ponts d’un coup quand nous avons quitté le centre : les enfants nous demandent souvent après l’école pour revenir afin de pouvoir jouer avec leurs amis. Nous voulons garder contact car c’est une partie de notre vie qu’on ne pourra jamais oublier. Mais les enfants sont heureux et apaisés, ça se voit sur leurs visages » ajoute D. « Pour l’avenir, nous aimerions reprendre nos activités professionnelles. J’ai travaillé dans le vin et je voudrais me relancer, ma femme a ses études et nous suivons une formation de l’asbl INTERRA, à Liège, pour pouvoir nous lancer comme indépendants. Nous ne voulons pas rester les bras croisés à ne rien faire, nous voulons de l’action ».

Comme le dit D., la vie en centre est une partie de leur vie que la famille ne pourra jamais oublier, et il est difficile de couper les ponts.

« J’aimerais remercier les membres du personnel du centre. Ils ont été à mes côtés tout du long alors que j’étais seule avec les enfants. Grâce à eux, nous n’avons manqué de rien. Nos enfants ont été suivis, ont été scolarisés, nourris. Les animateurs du centre ont pris soin d’eux aussi. Et pour moi, les infirmières ont été présentes quand je suis tombée malade, quelques mois après notre arrivée, et je leur en suis très reconnaissante. On a donné de la valeur à notre famille. Nous étions résidents, nous sommes migrants, mais nous avons compté et nous avons été valorisés. Nous avons toujours été traités avec équité et respect. Nous sommes tous égaux, et ça nous a donné beaucoup de courage et de la persévérance. 

« On m’a démontré qu’il y a des gens bien dans ce monde, qui donnent de la valeur à l’humain » conclut D.