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« On est passé du jour à la nuit en quelques années »

« Ici on apprend l’humilité : on est tous les mêmes, ça peut tous nous arriver, qu’on soit arabe ou latino, éduqué ou illettré… Maintenant j’ai de la chance. Je m’entends bien avec mes copines de chambre africaines. Je donne aussi un coup de main dans le centre : je m’occupe des poubelles. On me donne des gants, mais le travail est difficile car les sacs sont lourds et se déchirent souvent.

J’aimerais vraiment pouvoir rester en Belgique pour me poser et fonder une famille, avoir des enfants. Je vais avoir 38 ans. Ce qui me fait le plus de mal, c’est de ressentir que dans d’autres pays, certains éprouvent une haine des Vénézuéliens car une grande partie de mon peuple a quitté son pays. Beaucoup se rendent dans les pays limitrophes où ils mènent une vie précaire, faite de petits boulots mal payés et sans aucune sécurité. Ils souffrent. Avant cette crise, je me souviens qu’on était un pays riche, il y avait beaucoup de pétrole et de touristes chez nous. On est passé du jour à la nuit en quelques années.

J’ai encore des contacts avec ma famille, mais ils ne me racontent plus rien car c’est trop dur. Je dois tellement à ma famille qui m’a aimée et soutenue. J’ai eu la chance d’étudier, de parcourir le monde. Je me sens citoyenne du monde et pleine de résilience grâce à eux. J’espère encore avoir les moyens pour recommencer une nouvelle vie ici. Grâce à la Belgique qui me donne beaucoup, je me sens soutenue et je dis merci. Je regarde devant et pas en arrière. J’essaye d’avoir des objectifs. »

 

May, vénézuélienne, 38 ans.

Réside au centre d’arrivée (Bruxelles).