Une fois la valise déposée au centre d’accueil, chaque résident va vivre ce qu’on appelle « le choc culturel »Vous avez dit « choc culturel » ?Oui ! Il s’agit d’un conflit mental, émotionnel et social que nous pouvons ressentir lorsque nous sommes en contact avec une culture différente de la nôtre, d'autres manières de vivre, de penser ; des habitudes, des pratiques, de croyance différentes.Ce choc est plus ou moins important suivant les individus mais il s’agit toujours d’une réaction normale. Il est déclenché suite à la perte de repères.Quels sont les symptômes ?Une impression d'inconfort et de désarroiLe sentiment d'être incompris, mal à l'aiseUne certaine lassitude Un sentiment de déception, de désillusionUne certaine irritation qui peut aller jusqu'à l'agressivité Les réactions peuvent aller de l'isolement à la recherche de gens qui partagent les mêmes valeurs (ou des valeurs proches) ; du refus de s'intégrer dans la communauté à la manifestation de signes de colère ou d'ennui.Tout primo-arrivant est confronté à ces symptômes et dans la plupart des cas on en guérit !  Ne les considérons pas comme des des ennemis ou des gens irrationnels, malpolis, etc. : ils ont un mode de vie adapté à leur culture, à leur histoire, à leur philosophie ou leur religion. Ces différentes composantes constituent LEUR système de valeurs.De nombreux chercheurs se sont intéressés au choc culturel et plusieurs modèles existent pour expliquer ce phénomène.Combien de temps cela dure ? Le choc culturel est la succession de différentes étapesL’ajustement au nouveau contexte culturel ne se fait pas du jour au lendemain. Même si les chercheurs pensent que cette période de transition dure de six mois à un an, ils s’empressent de préciser que tout dépend de l’individu, de sa préparation à l’expatriation, de son histoire individuelle et d’une multitude d’éléments externes. Autrement dit, il n’y a pas de schéma classique lorsqu’on parle de choc culturel. Comment expliquer le choc culturel aux résidents de notre centre d’accueil ? Chaque personne traverse cette étape de manière différente, ceci pouvant causer des décalages importants notamment quand l’expatriation est vécue en famille. Chaque membre peut avoir ses propres zones de turbulence et pas forcément au même moment, rendant ainsi la vie de famille plutôt chaotique.Afin de préparer nos résidents à ce qu’il va se passer durant leur séjour dans le centre, Magali GILSON, accompagnatrice au centre de Pondrôme a préparé un atelier sur le sujet.Grâce à l’expérience des trois contenants, Magali tente d’expliquer aux bénéficiaires les différentes solutions qui s’offrent à eux pour intégrer une culture étrangère.Lors de cet atelier, Magali se munit de 3 cruches remplies d’eau. Magali ajoute de l’huile à la première cruche, du sucre dans la seconde, de la grenadine dans la troisième.Elle s’adresse alors à son auditoire et demande « Que constatez-vous » ?Les résidents répondent « L’huile ne se mélangera jamais à l’eau. Le sucre se dissout dans l’eau. La grenadine colore l’eau ».Magali poursuit « On peut donc comparer l’eau à la culture de base de chaque individu et les ingrédients ajoutés aux habitudes des autres cultures. Par cette expérience, je démontre plusieurs cas de figure : Soit on ne les intègre pas : comme l’huile et l’eau qui ne se mélangeront jamais. Soit, grâce à la grenadine : on intègre une autre culture en gardant son identité. On constate que le mélange peut être tout à fait homogène. Soit avec le sucre : qui se dissout dans l’eau où l’on ne perçoit plus de différence ».Magali sait de quoi elle parle mais n’est pas là pour donner une leçon au groupe présent.En effet, elle aussi vécu ce choc culturel après s’être établie plusieurs année au Maroc. « Il n’y a pas de remède miracle, c’est à chacun de trouver sa propre solution ».Durant l’atelier, elle montrera aussi au groupe la courbe de l’adaptation culturelle afin que chacun puisse savoir à quoi s’attendre.En effet et toujours selon les chercheurs, cette période d’adaptation culturelle d’un individu aurait la forme d’un « U » et peut se découper en quatre phases : La phase lune de miel : il s’agit de la période pendant laquelle l’individu découvre son nouvel environnement. Tout est vécu avec intérêt et émerveillement. La curiosité est souvent le moteur de l’action et les différences culturelles sont perçues de manière positive et exotique.La phase critique : Tout ce qui précédemment enchantait l’individu commence à entamer sa confiance en provoquant chez lui une attitude de rejet et un regard très critique à l’égard du pays d’accueil et de sa culture. C’est le choc culturel en tant que tel.La phase d’ajustement : tout commence à faire sens aux yeux de l’individu expatrié, qui fait preuve d’une plus grande ouverture d’esprit à l’égard de son nouvel environnement, facilitant ainsi l’ajustement.La phase d’adaptation : le niveau de bien-être revient à la normale et le dépasse même peut-être. Ce qui pouvait être étrange au début du séjour devient normal et passe des lors quasiment inaperçu. L’individu se sent finalement à l’aise dans son nouvel environnement.Une meilleure compréhension de ces quatre temps permet aux immigrants de mieux les apprivoiser et de les anticiper.