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« Nous pouvons compter les uns sur les autres»

06/04/2020
En cette période un peu spéciale, nous avons souhaité vous montrer à travers des interviews le visage des femmes et des hommes qui travaillent au sein du Refuge. Rencontre avec Sem, un collaborateur qui connaît le centre mieux que quiconque.

Peux-tu te présenter et nous indiquer quelle fonction occupes-tu au sein du centre d’accueil ?

Je m’appelle Sem Naïmi, j’ai 29 ans. Je travaille au sein du service médiation. Il est le premier à voir le jour au sein des centres fédéraux.  Je fais également partie de la stressteam, cellule d’aide psychologique pour les collaborateurs de notre centre.

 

Depuis quand travailles-tu chez Fedasil ?

J’y travaille depuis l’ouverture à savoir le 13 février 2019. J’y ai commencé en tant que collaborateur polyvalent au sein de l’équipe accueil. J’ai pu voir l’évolution du centre tant au niveau de mes collègues que des résidents. Au tout début de l’aventure, nous étions peu, tous services confondus, nous travaillions main dans la main et avons pu créer des liens forts entre nous.

Qu’est-ce qui t’a amené à t’orienter vers le secteur de l’accueil des demandeurs de protection internationale ?

Pour ma part, je n’en suis pas à ma première expérience avec ce type de public. Je connais très bien le bâtiment pour y avoir travaillé en 2015 du temps où le centre était géré par une société privée, Bridgestock. J’en garde de très bons souvenirs car c’était une première pour moi de travailler dans le secteur social. En côtoyant plusieurs résidents venus des quatre coins du globe, j’ai pu apprendre quelques mots dans plusieurs langues, découvrir des cultures dont je n’avais pas connaissance. C’était très enrichissant sur le plan personnel. Quand j’ai vu que Fedasil rouvrait le centre, je n’ai pas hésité une seconde. Mouscron peut être fier d’accueillir un centre pour demandeurs d’asile.

 

As-tu un moment vécu au Refuge que tu souhaiterais nous partager ?

Je dirais les souvenirs lors de l’organisation des repas communautaires coordonnés par l’une de mes collègues, Joséphine. Chaque mois, notre équipe a décidé de mettre à l’honneur une communauté tant dans l’assiette que sur le plan culturel. Cela nécessite une organisation militaire pour pouvoir cuisiner pour plus de 900 personnes.

Nous travaillons tôt le matin avec les résidents dont la communauté est mise à l’honneur. Ces derniers nous proposent une recette, nous amenons les ingrédients nécessaires pour réaliser le tout.

Durant ces moments, il y  règne une ambiance incroyable. Les résidents sont heureux de retrouver un bout de « chez eux » le temps d’un repas. Et nous, sommes satisfaits de partager ce moment de convivialité ensemble. Cela nous permet de percevoir les résidents sous un autre jour.

La cuisine rassemble. J’ai une phrase qui me vient en tête qui résume assez bien ces moments. La cuisine est l’art d’utiliser la nourriture pour créer du bonheur. Ces parenthèses permettent de créer du bonheur. C’est un moment qui est attendu par tous. La soirée se veut toujours festive par après comme vous avez pu le voir dans nos publications Facebook.

 

En cette période de crise sanitaire, comment ton équipe travaille quotidiennement ?

C’est une période délicate pour tout le monde. Au niveau de l’équipe médiation, nous faisons notre possible pour continuer nos permanences. Nos horaires ont été aménagés en fonction de la situation. Nous sommes amenés à mettre la main à la patte afin de veiller à faire respecter toutes les règles qu’imposent ces circonstances exceptionnelles. Nous pouvons compter les uns sur les autres, ce qui nous permet de mieux gérer la pression. Par exemple, avec ces aménagements de planning, j’ai pu créer des liens avec des collègues avec qui je n’étais pas amené à travailler habituellement.

 

Un dernier mot ?

Mon métier consiste à faire de la prévention de conflit afin que la cohabitation se fasse au mieux au sein du centre. J’ai une citation qui résume assez bien ma fonction. L’homme n’est pas celui qui est fort en lutte, mais c’est celui qui se maitrise sous l’emprise de la colère.