Témoignage
Benoît est directeur adjoint du centre depuis bientôt 4 ans, ou plutôt « Adjoint à la Direction » comme il préfère l’appeler.
« J’ai en charge différents services : les services technique, catering et logistique en direct. Je gère également la sécurité, qui est transversale. Je suis un relais au sein des équipes et auprès de chaque collaborateur, et je remonte vers le conseiller en prévention fédéral, pour assurer la sécurité et le bien-être de nos résidents et des membres du personnel. Enfin, je supervise la comptabilité pour tout ce qui est marchés publics, contrats, budgets et paiements, ainsi que le service accueil, qui œuvre 24h/24, 7 jours sur 7, durant toute l’année, composée de 15 « permanents » et un chef d’équipe. J’essaie d’avoir une vision d’ensemble pour optimiser les relations professionnelles entre les équipes, et ainsi m’assurer que les équipes collaborent au mieux entre elles. J’assure également par intérim le rôle de directeur quand celui-ci n’est pas présent.»
Pour Benoît, travailler dans un centre pour demandeurs de protection internationale, c’est avant tout mettre le focus sur le lien social, qui est primordial :
« Ce qui me plaît en premier lieu, c’est la rencontre avec les résidents, bien que je ne les rencontre pas suffisamment à mon goût. L’autre jour, j’ai participé à un tournoi de babyfoot avec les résidents : j’ai adoré, c’était vraiment chouette ! Du coup, ma relation avec deux – trois résidents a changé grâce à ce moment. J’apprécie également le contact serein et franc avec les collaborateurs. Ce qui me plaît beaucoup aussi est que nous ne sommes pas une unité abandonnée : notre centre fait partie d’une quarantaine de centres Fedasil, nous ne sommes pas isolés dans notre coin, nous avons tous les mêmes objectifs, peu importe le centre où l’on se trouve, et nous avons la même vision et les mêmes missions à accomplir et les mêmes obstacles à surmonter au quotidien ».
Cependant, Benoît est bien conscient que le lien social ne fait pas tout. Il y a des difficultés qui sont parfois compliquées à surmonter :
« Ce qui est le plus perturbant c’est de voir que certains résidents sont dans la détresse la plus totale. Des gens pour qui nous n’avons pas les bonnes réponses à notre niveau et qui « végètent » un peu chez nous, attendent, parfois disparaissent… Dans le cadre de l’immigration c’est pour moi un vrai problème, ce pourcentage de personnes qui sont en dehors des clous et pour qui nous n’arrivons pas à mettre l’accompagnement nécessaire en place faute de pistes de solutions adaptées aux problématiques rencontrées ».
D’habitude, les collaborateurs se prêtant au jeu de l’interview vous livrent leur meilleur souvenir au sein du centre. Benoît préfère détourner la question avec son regard d’adjoint à la direction :
« Pour moi le meilleur est à venir. C’est que l’on mise davantage sur les résidents et leur implication : leurs compétences, leurs talents, leurs forces, leurs envies… Que l’on puisse organiser des moments forts à l’initiative des résidents. Que l’on puisse coconstruire le centre avec eux. Il y a tellement de possibilités, et j’aimerais le voir avant de prendre ma lointaine retraite ».